Alter'Mag Alter'Mag 3

Rencontres, culture, société, évasion, imagination... Le magazine curieux par nature et gratuit par vocation.

Page 25 : Alter'Mag 3

Bienvenue dans les collines des Alpes-Maritimes, à quelques encablures des marinas. C'est là que Martin a passé son enfance, et de son enfance justement il n'en reste que sa vieille cabane. Elle n'est plus en pleine pinède mais en lisière d'une gigantesque décharge à ciel ouvert.Bien-sur, il y a encore des goélands, sans doutes bien plus qu'avant, qui s'empoisonnent ou se retrouvent prisonniers.C'est là que Martin va passer deux ans de sa vie, deux ans dans les ordures, dans les odeurs, dans les horreurs.Petit à petit les employés de la décharge se familiarisent avec sa présence et lui révèlent les secrets de cette “zone“ : lʼendroit de lʼenfouissement des fûts dʼarsenic, le trajet du lixiviat, ce jus de décharge, ce poison mortel qui sʼécoule à travers une rivière sauvage et foisonnante jusquʼà la mer. Martin, au fil des jours et des mois, va faire son trou dans ce monde invivable jusquʼà sembler aller vers la folie. Il se nourrit des ordures. Il essaye, malgré tout, de recréer un univers vivable au milieu de la valse des camions qui lʼévitent en le frôlant. Le jeune homme ne veut pas se résigner, il essaye de rendre cet univers ludique, humain. Il écrit dans sa cabane son journal, ses pensées. Il se lave dans la rivière chaque jour comme de retour à un monde primaire. Il soigne les animaux prisonniers de cet enfer, il surfe sur la vague géante générée par les détritus. Il est au-delà de la dénonciation, il essaye par ce film, dans un effort désespéré, de faire une métaphore de notre monde  loin de  la culpabilité. Il ne veut pas accepter cet univers qui lui a été imposé, il veut se lʼapproprier, lʼingérer, le digérer. Jusquʼau jour de la fermeture définitive où il sauvera une dernière mouette de lʼempoisonnement. La décharge fermée, Martin erre dans ce no man's land, avec sa caméra. Il enterre des oiseaux, traîne parmi les Caterpillar abandonnés comme sʼil ne pouvait se résoudre à quitter cet endroit. Tout est recouvert de terre, mais comme des fantômes, des sacs de plastique sʼéchappent du sol et volent dans le ciel emportés par le vent et qui frappent la caméra.Ce témoignage fort est sorti en salle le 9 octobre et poursuit sa vie et sa mission, suscitant encore et encore ces intolérables questions : Comment certains responsables locaux peuvent-ils laisser de telles choses se passer ? Comment certains "entrepreneurs" peuvent-ils avoir si peu d'estime de la vie des autres pour se livrer à de tels actes en toute conscience ?La vision de ces hommes semble bien courte, un peu comme ces mafieux de la région de Naples qui trafiquent les ordures de l'Europe entière et les épandent clandestinement autour de leurs propres villages, dans les champs où broutent les buffles qui produisent leur mozzarella ? Ils ont une vision si courte, qu'il ne voient même plus qu'ils tuent leurs propres enfants. Certains ont un poil dans la main, mais d'autres ont des billets dans les yeux… c'est irritant. Bienvenue dans les collines des Alpes-Maritimes, à quelques encablures des marinas. C'est là que Martin a passé son enfance, et de son enfance justement il n'en reste que sa vieille cabane. Elle n'est plus en pleine pinède mais en lisière d'une gigantesque décharge à ciel ouvert. Bien-sur, il y a encore des goélands, sans doutes bien plus qu'avant, qui s'empoisonnent ou se retrouvent prisonniers. C'est là que Martin va passer deux ans de sa vie, deux ans dans les ordures, dans les odeurs, dans les horreurs. Petit à petit les employés de la décharge se familiarisent avec sa présence et lui révèlent les secrets de cette “zone“ : lʼendroit de lʼenfouissement des fûts dʼarsenic, le trajet du lixiviat, ce jus de décharge, ce poison mortel qui sʼécoule à travers une rivière sauvage et foisonnante jusquʼà la mer. Martin, au fil des jours et des mois, va faire son trou dans ce monde invivable jusquʼà sembler aller vers la folie. Il se nourrit des ordures. Il essaye, malgré tout, de recréer un univers vivable au milieu de la valse des camions qui lʼévitent en le frôlant. Le jeune homme ne veut pas se résigner, il essaye de rendre cet univers ludique, humain. Il écrit dans sa cabane son journal, ses pensées. Il se lave dans la rivière chaque jour comme de retour à un monde primaire. Il soigne les animaux prisonniers de cet enfer, il surfe sur la vague géante générée par les détritus. Il est au-delà de la dénonciation, il essaye par ce film, dans un effort désespéré, de faire une métaphore de notre monde  loin de  la culpabilité. Il ne veut pas accepter cet univers qui lui a été imposé, il veut se lʼapproprier, lʼingérer, le digérer. Jusquʼau jour de la fermeture définitive où il sauvera une dernière mouette de lʼempoisonnement. La décharge fermée, Martin erre dans ce no man's land, avec sa caméra. Il enterre des oiseaux, traîne parmi les Caterpillar abandonnés comme sʼil ne pouvait se résoudre à quitter cet endroit. Tout est recouvert de terre, mais comme des fantômes, des sacs de plastique sʼéchappent du sol et volent dans le ciel emportés par le vent et qui frappent la caméra. Ce témoignage fort est sorti en salle le 9 octobre et poursuit sa vie et sa mission, suscitant encore et encore ces intolérables questions : Comment certains responsables locaux peuvent-ils laisser de telles choses se passer ? Comment certains "entrepreneurs" peuvent-ils avoir si peu d'estime de la vie des autres pour se livrer à de tels actes en toute conscience ? La vision de ces hommes semble bien courte, un peu comme ces mafieux de la région de Naples qui trafiquent les ordures de l'Europe entière et les épandent clandestinement autour de leurs propres villages, dans les champs où broutent les buffles qui produisent leur mozzarella ? Ils ont une vision si courte, qu'il ne voient même plus qu'ils tuent leurs propres enfants. Certains ont un poil dans la main, mais d'autres ont des billets dans les yeux… c'est irritant.