Alter'Mag Alter'Mag 3

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Page 27 : Alter'Mag 3

" A l'âge de dix ans, Martin faisait le tour de Paris et photographiait toutes les petites plantes qui poussaient dans le bitume, entre les pavés, les fissures des murs. En Afrique au même âge, il ne photographiait pas les animaux, mais les canettes rouges d'un célèbre soda que les gens abandonnaient dans des paysages magnifiques. Son regard, son acuité, m'attristaient. J'avais beau lui dire que le monde était beau, mais lui savait déjà que rien ne tournait rond. Et j'ai compris à ce moment-là que mon rôle n'était plus de lui mentir…J'ai eu le même sentiment de tristesse quand il a commencé son tournage dans la décharge. Je comprenais sa démarche. Mais chaque jour, il vivait dans un enfer de puanteur, de fureur. Je me disais : "Pourquoi s'infliger tout ça ?". Il est si facile de fermer les yeux et d'avancer, mais avancer vers quoi ?J'ai donc décidé d'ouvrir les yeux et de l'accompagner comme j'ai pu dans sa démarche, dans son témoignage. Ce film était une nécessité. Sa nécessité.Martin m'a transmis sa rage, sa révolte, à un moment de ma vie où j'avais l'impression que j'avais accompli certaines choses et je pensais pouvoir être satisfaite. Mais tout a basculé avec la production de ce film. Grâce à Martin, à son film, je ne peux plus faire semblant." " A l'âge de dix ans, Martin faisait le tour de Paris et photographiait toutes les petites plantes qui poussaient dans le bitume, entre les pavés, les fissures des murs. En Afrique au même âge, il ne photographiait pas les animaux, mais les canettes rouges d'un célèbre soda que les gens abandonnaient dans des paysages magnifiques. Son regard, son acuité, m'attristaient. J'avais beau lui dire que le monde était beau, mais lui savait déjà que rien ne tournait rond. Et j'ai compris à ce moment-là que mon rôle n'était plus de lui mentir… J'ai eu le même sentiment de tristesse quand il a commencé son tournage dans la décharge. Je comprenais sa démarche. Mais chaque jour, il vivait dans un enfer de puanteur, de fureur. Je me disais : "Pourquoi s'infliger tout ça ?". Il est si facile de fermer les yeux et d'avancer, mais avancer vers quoi ? J'ai donc décidé d'ouvrir les yeux et de l'accompagner comme j'ai pu dans sa démarche, dans son témoignage. Ce film était une nécessité. Sa nécessité. Martin m'a transmis sa rage, sa révolte, à un moment de ma vie où j'avais l'impression que j'avais accompli certaines choses et je pensais pouvoir être satisfaite. Mais tout a basculé avec la production de ce film. Grâce à Martin, à son film, je ne peux plus faire semblant."