Alter'Mag n°2

Alter'Mag, curieux par nature. Culture, conso, société, évasion

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«faisons bouger la société» Voilà maintenant des mois que le réputé «paisible» peuple québécois voit se dérouler ce qui est déjà bien plus qu’un simple «ras le bol» étudiant. D’ailleurs, chaque jour, nombre de spectateurs deviennent eux aussi acteurs de cette marche qui, partie d’une grogne contre un projet de réforme dans l’éducation prend désormais le chemin d’une véritablement révolution sociétale. Le son des casseroles n’a pas fini de faire trembler la belle province. Baptisé «Printemps érable» en clin d’oeil au «Printemps arabe», le mouvement québécois n’a en fait pas grand chose à voir avec ce qui s’est passé en afrique du nord, et le premier ministre du Québec n’a strictement rien à voir avec les exdirigeants de Tunisie, d’Egypte ou de Lybie. L’objectif premier n’a jamais été de renverser un gouvernement mais plutôt de refuser certaines dérives d’un modèle économico-social, notamment en ce qui concerne l’idée d’égalité d’accès à l’éducation. On touche donc aux fondamentaux d’une société, aussi évoluée et riche soit-elle. En fait, ce mouvement étudiant a mis en lumière ce qui pour beaucoup de québécois de tout âge et de toute condition sociale semble une parfaite illustration de la fin d’une logique de société. La réaction répressive du gouvernement et bien entendu la promulgation de cette fameuse «Loi 78» auront sans doute énormément contribué à faire de ce mouvement bien plus que la contestation étudiante que l’on pouvait y voir au départ. Autre spécificité de taille et qui sera sans doute ce qui fera entrer le «Printemps érable» dans l’histoire, c’est que nous ne sommes pas du tout face à des étudiants, aussi nombreux soient-ils, qui défendent leurs acquis ou leur confort personnel, mais bien face à une «révolution intelligente». Au delà de la problématique des frais de scolarité, c’est notre vision du «vivre ensemble» qui est remise en question, avec des questionnements sur la nécessité d’autres modèles économiques, d’autres approches environnementales, etc. Bref, le «Printemps érable» n’a rien d’un coup de gueule de fils et filles à papa; c’est un mouvement profond, durable et cultivé qui fédère très largement. D’ailleurs si, période estivale oblige, les dernières mobilisations ont perdu un peu de puissance, des rumeurs enflent quant à l’organisation d’élections générales anticipées dès cet automne. Le printemps est vraiment la saison où tout éclos. évolution > (r)évolution ?