Kaitiakitanga signifie « garder », « protéger », « préserver ». C'est le fruit de la philosophie maorie, empreinte de naturalisme et d'animisme, selon laquelle les différentes formes de vie, formant un tout complémentaire et sans hiérarchie, sont intimement reliées entre elles suivant l'ordre naturel. L'étude empirique de cet ordre est un devoir essentiel des maoris, et plus particulièrement des Kaitiaki, désignés par leur communauté pour leur expérience et leurs connaissances des phénomènes naturels. Bien que le Kaitiakitanga soit ancré dans une tradition bien plus ancienne que les actuels problèmes de pollutions, de changements climatiques et de gestion des ressources naturelles, il constitue une réponse pertinente aux questions écologiques qui taraudent nos sociétés contemporaines. Le Reo ( la langue maorie) étant un langage oral, il existe autant de versions des mythes maoris que de bouches qui les racontent. Le message principal reste cependant commun à toutes ces versions. C’est dans le mythe de la création qu’est introduit l’idée de gardiennage environnemental, le Kaitiaki. C’est un signe fort de son importance aux yeux des maoris.A l’aube des temps, vivait Papa Tuanuku, la Terre, et Rangi Nui, le Ciel. Ces deux êtres s’aimaient tendrement, unis par le néant. De leur union naquirent les Tawhito, les premiers dieux.Rangi tenait Papa dans une étreinte si serrée que leurs enfants étaient contraint de vivre en permanence dans l’obscurité de leurs deux corps Aveuglés et agacés par cette situation, les Tawhito se consultèrent pour amener la lumière dans le monde. Le terrible Tu Matauenga, dieu de la guerre, envisagea de tuer ses géniteurs. Ses frères l’en dissuadèrent et le sage Tane Mahuta, dieu des choses vivantes, émit l’idée de séparer les deux amants. Ainsi, les dieux resteraient sous la protection du Ciel et profiteraient du sol nourricier de la Terre. Tous s’accordèrent sauf un: Tawhiri Matea, le dieu des vents, qui refusait de voir souffrir ces parents. Ignorant cette opposition, Tane Mahuta cala ses épaules contre sa mère, prit la forme du kauri, un arbre au tronc particulièrement puissant, et poussa de ses pieds contre son père. « Ce concept nous vient de notre mythologie. Il y avait autrefois Papa... »