Autour d'ARTE Te Tiriti O Waitangi

Nouvelle-Zélande, le traité de Waitangi De Bluff au Cap Reinga, notre équipe de journalistes a constitué un recueil de témoignages inédits à propos d'un document poussiéreux quoique toujours brûlant: le traité de Waitangi. Signé en 1840, traité fondateur de la nation puis pilier de la colonisation, ce texte sulfureux et ambigu est tombé dans l'oubli pendant plus d'un siècle pour réapparaître dans la Nouvelle-Zélande contemporaine, lance de fer des revendications maoris. Menacés de disparition au début du siècle , les maoris représentent aujourd'hui 15 pour cent de la population néo-zélandaise et leur cause est désormais soutenue par de nombreux groupes. Depuis 1975, le tribunal de Waitangi est en charge du travail de recherche historique pour déterminer l'ampleur de l'impact colonial. La Couronne britannique a officiellement reconnue sa culpabilité dans la disparition et la dégradation du mode de vie maori et de nombreuses politiques sont conduites à l'échelle nationale pour indemniser les populations lésées. 
Que le traité soit considéré comme un faux, la base d'une nation ou une duperie, il est toujours au cœur de l'actualité et du débat social néo-zélandais. Les groupes les plus vindicatifs réclament sa stricte application tandis que de nombreux historiens et intellectuels plaident la prescription. Pour le gouvernement et pour l'ensemble des citoyens, une question se pose alors: Peut on construire le futur en s'appuyant sur un texte vieux de 173 ans?

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Kaitiakitanga signifie « garder », « protéger », « préserver ». C'est le fruit de la philosophie maorie, empreinte de naturalisme et d'animisme, selon laquelle les différentes formes de vie, formant un tout complémentaire et sans hiérarchie, sont intimement reliées entre elles suivant l'ordre naturel. L'étude empirique de cet ordre est un devoir essentiel des maoris, et plus particulièrement des Kaitiaki, désignés par leur communauté pour leur expérience et leurs connaissances des phénomènes naturels. Bien que le Kaitiakitanga soit ancré dans une tradition bien plus ancienne que les actuels problèmes de pollutions, de changements climatiques et de gestion des ressources naturelles, il constitue une réponse pertinente aux questions écologiques qui taraudent nos sociétés contemporaines. Le Reo ( la langue maorie) étant un langage oral, il existe autant de versions des mythes maoris que de bouches qui les racontent. Le message principal reste cependant commun à toutes ces versions. C’est dans le mythe de la création qu’est introduit l’idée de gardiennage environnemental, le Kaitiaki. C’est un signe fort de son importance aux yeux des maoris.A l’aube des temps, vivait Papa Tuanuku, la Terre, et Rangi Nui, le Ciel. Ces deux êtres s’aimaient tendrement, unis par le néant. De leur union naquirent les Tawhito, les premiers dieux.Rangi tenait Papa dans une étreinte si serrée que leurs enfants étaient contraint de vivre en permanence dans l’obscurité de leurs deux corps Aveuglés et agacés par cette situation, les Tawhito se consultèrent pour amener la lumière dans le monde. Le terrible Tu Matauenga, dieu de la guerre, envisagea de tuer ses géniteurs. Ses frères l’en dissuadèrent et le sage Tane Mahuta, dieu des choses vivantes, émit l’idée de séparer les deux amants. Ainsi, les dieux resteraient sous la protection du Ciel et profiteraient du sol nourricier de la Terre. Tous s’accordèrent sauf un: Tawhiri Matea, le dieu des vents, qui refusait de voir souffrir ces parents. Ignorant cette opposition, Tane Mahuta cala ses épaules contre sa mère, prit la forme du kauri, un arbre au tronc particulièrement puissant, et poussa de ses pieds contre son père. « Ce concept nous vient 
de notre mythologie.
Il y avait autrefois Papa... »