Alter'Mag n°2

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A’m : Ghislaine bonjour, comment passe-t-on du graphisme à Paris à la création de bijoux textiles en Provence ? J’ai changé plusieurs fois de métiers dans ma vie, à chaque fois que j’ai eu le sentiment d’en avoir fait le tour ou que cela m’ennuyait. La création textile, en revanche, est une passion depuis que je suis enfant ; je tricote depuis que je suis en âge de tenir des aiguilles, à 15 ans je me suis offert un petit métier à tisser avec mes économies, à 17 ans je faisais des chandails irlandais pour tout le lycée et je fabriquais mes vêtements. A 40 ans, quitter Paris, changer de vie, pourquoi pas de travail ? J’ai décidé que ça valait peut être le coup d’essayer de vivre de ses passions. A’m : Tes pièces uniques et tes petites séries sont maintenant proposées dans une vingtaine de jolies boutiques en Europe. Tu as le sentiment d’avoir trouvé ton «ton» ? Et ton rythme ? Heureusement non, car le jour où j’aurai trouvé, il se peut fort bien que je me désintéresse de ce travail. Ce qui me fait avancer c’est la recherche, l’intuition de ce qui n’existe pas encore, la possibilité de réaliser la synthèse de toutes les influences qui me traversent. J’ai sans doute un univers, perceptible par les autres, mais que je ne saurais définir. Quant au rythme, hélas, j’ai plutôt l’impression que chaque année est un retour à la case départ : il ne suffit pas de concevoir bien au chaud dans son atelier. Choisir les salons auxquels on participe, remplir les dossiers, prospecter, alimenter les supports multimédia,… tout est terriblement chronophage et inintéressant mais on n’a pas le choix. A’m : Ca veut dire quoi au départ pour toi «Bijoux textiles» ? En fait de bijoux, je fais essentiellement des colliers et des broches, des supports qui m’inspirent plus que d’autres, allez savoir pourquoi. Je fabrique aussi des accessoires, d’ailleurs mes colliers en sont souvent à la limite : colliers-écharpes, cravates, foulards,… L’objet en fait importe peu, j’ai besoin d’un support qui se prête à mes réalisations, aujourd’hui c’est ça, mais demain il pourrrait tout aussi bien s’agir de coussins ou de lampes. A’m : L’art et la matière ? Comment naît une pièce ? L’artiste est un visionnaire, il a un regard singulier sur les choses. Je n’y prétends pas. Quant à la matière, c’est un élément essentiel. C’est à la fois ma source d’inspiration principale et le but vers lequel je tends. Rencontre avec… Ghislaine Garcin Créatrice de bijoux