Sur la rive opposée du Rhône s’étend Salin-de-Giraud, village de quelques 2000 âmes qui est également le plus grand salin d’Europe. Le village de Salin-de-Giraud a été créé en 1856, lors de l’implantation de la première société de production de sel. En 1971, la Compagnie des Salins du Midi devient propriétaire et développe l’activité du salin pour produire jusqu’à 800.000 tonnes de sels à l’année sur une étendue de 11.000 hectares. Aujourd’hui, le salin produit plus de la moitié du sel de déneigement français. Depuis 2007, l’exploitation a été restructurée et les camelles hautes montagnes de sels ont disparu du paysage. Le nouveau marais-salant se destine désormais à une production « sur contre-sel » qui consiste à ne récolter que le tiers supérieur de la couche de sel, réduisant ainsi les quantités produites et, avec elles, le nombre d’employés. Seulement une cinquantaine de personnes travaillent encore sur les salins. L’activité industrielle qui a fait la gloire du village laisse de plus en plus la place à l’activité touristique : avec les plages de Piémanson et le golfe de Beauduc, Sain-de-Giraud accueille plus de 15 000 vacanciers en période estivale. En 1863, Napoléon III édicte un décret d’utilité publique concernant les travaux de creusement du canal Saint-Louis. Hippolyte Peut, avocat d’origine lyonnaise, est en charge de la promotion de ce grand projet. Les travaux de creusement du port débutent en 1864, au pied de la tour. A cette époque, l’emplacement de la ville n’est qu’un grand marécage et les fièvres paludéennes causent une mortalité importante aux ouvriers du chantier. Le 15 aout 1871, le canal est ouvert à la circulation. Il n’est terminé qu’en 1873 et inauguré 10 ans après. Quelques années plus tard, la Compagnie fluviale de navigation du Rhône s’installe à Port-Saint-Louis. Grâce au canal, la ville va attirer les industries et connaître une activité portuaire intense. En 1932, Port Saint-Louis est le deuxième port de France, derrière Marseille et devant Sète. A l’époque, les dockers travaillent aux chargements des marchandises dans des conditions difficiles et dangereuses, sous l’œil unique du sémaphore de la tour Saint-Louis. En 1966, Port Saint-Louis du Rhône est intégré au port autonome de Marseille et entre les années 80 et 90 une grande partie de l’activité portuaire est déplacé vers Fos-sur-Mer. Aujourd’hui, l’ancien port de marchandises est devenu un port de plaisance et de sa gloire d’antan ne subsistent que quelques hangars et la mémoire, encore vive, des anciens dockers. A l’origine, la tour Saint-Louis a été construite à quelques dizaines de mètres de la mer, à l’emplacement exact de l’embouchure du fleuve. Aujourd’hui, 7 kilomètres séparent la tour de la Méditerranée. Le retrait des eaux éloigne progressivement la tour de sa vocation originelle : la surveillance des missions de pirateries. Fort heureusement pour la sécurité des habitants, il y a longtemps qu’aucun pirate n’a été signalé sur les côtes de Port Saint-Louis. Pirate ou non et blagues à part, la tour demeure aujourd’hui un point de vue hors-pair pour admirer l’endroit unique où le Rhône rejoint l’immensité de la mer.