Le développement de la trufficulture est un enjeu fort pour le territoire régional. Avec près de 70% de la production nationale provenant de notre région, cette production endémique représente un levier économique potentiel pour nos terroirs autant sur le plan agricole que touristique ou culinaire. Mais aujourd’hui cette production est en crise sur le plan agronomique : baisse de la production, disparition des paysages, fermeture des milieux, impact mal connu du changement climatique... En plus, elle véhicule une image et des à priori qui freinent son essor et sa promotion aussi bien localement qu’à l’extérieur de nos territoires.Quatre terroirs emblématiques de cette production se sont regroupés autour de la profession trufficole afin de proposer un projet d’envergure régionale et exemplaire au niveau européen de la structuration d’une filière locale.La Chambre Régionale d’Agriculture Provence Alpes Côtes d’Azur a répondu favorablement à cette demande qu’elle fédère et anime dans le cadre du présent accord de coopération.Ainsi quatre Groupes d’Actions Locales LEADER du « Verdon », du « Ventoux », de « la Haute Provence et du Luberon », d’« Une Autre Provence » sont les territoires partenaires pour le développement et la promotion de la truffe en Provence Alpes Côte d’Azur. Avec 80% de la production nationale, dire que la Provence est le berceau de la truffe française est un euphémisme. Produit provençal phare, au même titre que l’huile d’olive, ce champignon au parfum envoutant reste cependant plus discret que sa célèbre compère fruitée. Avec une réputation sulfureuse bien entretenue par des cueilleurs dissimulant consciencieusement leurs « coins », le Tuber Melanosporum (la truffe noire de Provence) souffre en effet d’un manque de visibilité qui nuit à sa commercialisation et à son potentiel touristique. Pourtant, les trufficulteurs sont nombreux sur le territoire et le marché, bien que manquant de structure, est bel et bien vivant. « A Aups, on avait le marché le plus important de France il y a encore quelques années », affirme Bernard Pantel, premier adjoint à la mairie de la commune susnommée. « Pourtant, nous ne sommes pas connus. Les gens ne savent pas qu’il y a de la truffe à Aups ! » Pour palier à cette méconnaissance qui dévalorisait ce produit si local, la mairie d’Aups, accompagnée par des institutions publiques tel le Parc naturel régional, s’est lancée dans une vaste campagne de communication et de valorisation du champignon. « On savait que la truffe n’était pas assez exploitée. (…) On a donc voulu utiliser l’image de la truffe pour développer un réseau économique et touristique. » Avec l’aide financière du programme Leader, la commune a pu mener des études préalables sur les éventuelles retombées touristiques et financières de ce marché encore très obscur. « Ça a été très concluant », affirme l’adjoint au maire. « A partir de cette étude, on a monté un projet financier des actions à mener. » Aujourd’hui, la commune s’apprête à inaugurer sa « Maison de la truffe », qui inclue un espace pédagogique, un musée et une boutique entièrement dédiée au champignon. « Désormais, l’objectif va être de développer la maison de la truffe en partenariat avec tous les hôtels, les restaurants et les autres acteurs de la truffe afin de structurer un réseau interactif », explique Bernard Pantel. Aups s’érige donc en véritable centre névralgique de la truffe sur le territoire du Verdon : « Le centre est ici mais le rayonnement est tout autour des gorges du Verdon », conclue Bernard. Le cadre du programme Leader a également permis de donner de l’ampleur à ces actions initialement locales. Effectivement, le projet dont la paternité revient au Verdon a désormais donné naissance à une coopération incluant de nombreuses autres régions, depuis le Tricastin, en passant par le Luberon, la Haute-Provence et le Ventoux. « Au niveau financier, la coopération a permis d’être ambitieux », explique Luc Courtil, responsable du développement au Parc naturel régional du Verdon. « Nous n’aurions jamais pu réaliser tant d’études sans la coopération. » Etat des lieux des surfaces et du marché, évaluation du potentiel de développement, étude sur le volume et sur le nombre de producteurs, cartographies, etc. : en quelques années, la coopération a permis de dresser une véritable carte d’identité de la Tuber Melanosporum, qui sort désormais de l’anonymat. « La prochaine étape va être de mettre en réseau tous les acteurs de la truffe », explique Luc Courtil. « Nous avons aussi la perspective d’étendre la coopération à l’internationale. » De l’ambition donc, et une volonté de faire qui n’a pas vocation à s’arrêter là : « On espère avoir d’autres subventions de l’Europe, avoue Bernard Pantel, on a besoin de moyens financiers et on a encore énormément de projets. » La truffe, ce champignon qui a toujours fasciné, continue donc d’exercer son mystérieux pouvoir d’attraction. Novembre et la saison de la cueillette arrivent, le musée d’Aups va bientôt ouvrir ses portes et pour les estivants nostalgiques, voilà déjà de bonnes raisons pour retourner en Provence cet hiver !