Festival Lafi Bala LafiBala 2015

S’il est un projet qui est bien connu des Chambériens, c’est bien le festival LAFI BALA. Depuis 1996 et tous les deux ans, la Ville de Chambéry et l’association Chambéry Ouahigouya proposent aux Chambériens une « immersion » en pays burkinabé, à travers l’organisation de ce festival interculturel.

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Smockey , fondateur du Balai citoyen « Bien sûr que Sankara fascine ! C’est une icône, et pas seulement pour la jeunesse burkinabè. Il a marqué son temps, nous n’avions jamais vu ça auparavant. Il a mené une politique de dignité, de valeurs. Il a réduit le train de vie de l’Etat, a largement participé à l’émancipation des femmes. Les bouleversements sont allés très vite, trop vite. C’est pour ça qu’il dérangeait autant. Vous savez, il a pris le pouvoir alors qu’il n’avait que 33 ans. Lorsqu’on est jeune, on a des projets et des convictions, on prend des risques. Cette mentalité parle aux jeunes d’aujourd’hui qui sont perdus. Sankara, c’est un homme intègre capable de créer des clashs diplomatiques n’importe quand sans avoir peur de dire les choses. C’est pour cela qu’il fascine tant les jeunes. Ses grands discours mettent en avant son esprit patriotique et son sens du sacrifice. Beaucoup de ceux qui le prennent en modèle ne l’ont jamais connu personnellement, ils le découvrent à travers ses discours. La jeunesse attend une relève, mais pour moi Sankara restera toujours Sankara. »  Bruno Jaffré , auteur d’une biographie sur Thomas Sankara « Son histoire est une tragédie humaine. Au-delà des questions politiques, il y a un frère, un ami qui le tue et c’est ce qui donne beaucoup d’humanité à cette histoire. C’est quelque chose qui augmente un peu ce côté martyr. Il y a également tout son héritage politique. Contrairement à beaucoup de dirigeants africains, il savait parler aux jeunes, il a fait des discours spécifiques pour eux. Surtout il a compris quelque chose de fondamental. Au Burkina, particulièrement dans les zones rurales, les jeunes sont considérés comme des enfants. Jusqu’à 40 ans. Donc lorsqu’on veut libérer des énergies, il faut réussir à affronter cette réalité. Il faut savoir s’attaquer à ce manque d’initiative. Sankara était un personnage charismatique, énergique, qui en imposait, intègre et simple. Cela se ressent dans les discours et dans les films que la jeunesse écoute et regarde depuis maintenant une dizaine d’années. Tout cela continue d’alimenter le phénomène Sankara. » Odile Sankara , comédienne et soeur de Thomas Sankara « Plus le temps passe, plus sa mémoire se bonifie et son héritage devient visible. C’est par sa capacité à être cohérent entre ce qu’il est et ce qu’il fait, à être le propre exemple de son projet politique et sociétal, qu’il est arrivé à mobiliser la population. Tous les jeunes et les artistes vont puiser dans ses discours. C’est une force terrible. Aujourd’hui, il incarne l’identité du Burkina Faso. Les jeunes sont en quête de repères. Ils s’imprègnent de ses idées. Ils sont fascinés par ce chef d’État africain qui apporte autre chose. Il est visionnaire et aujourd’hui dans le monde on manque de vision. Comment peut-on amener les gens à être heureux ? En étant fier d’être africain. Tout son combat était là : que l’Homme soit heureux et s’épanouisse avec ses propres moyens. Nous, sa famille et ses amis, sommes apaisés car son héritage persiste. Dans le fin fond de l’humanité, il y a toujours une personne qui parle de lui. Je pense qu’une personne par siècle naît avec cette force. Pour moi, il est l’une d’entre elles. » Sayouba Traoré , journaliste à R F I et écrivain burkinabè « Au début des années 1970, il était le grand-frère que tout le monde adorait. Le fait qu’il soit guitariste dans un groupe et parachutiste fascinait. Lors de la guerre entre le Mali et le Burkina, en 1973-1974, il a fait des actions éclatantes en tant que militaire. Que les gens l’admirent, à ce moment-là, c’était liée à sa personnalité. Lorsqu’il était au gouvernement, il est venu à vélo en Conseil des Ministres, cela ne s’était jamais vu à Ouagadougou. En 1983, il arrive au pouvoir. Cela ne nous a pas étonnés. Aujourd’hui, il y a une nostalgie de ce qu’il aurait pu apporter au pays. Les jeunes se laissent fasciner par les discours ! Les plus anciens, eux, s’attachent plus aux actions. Mais il n’est pas resté assez longtemps au pouvoir pour asseoir son action. Il est arrivé au bon moment car il n’y avait plus de leader tiers-mondiste ayant encore du succès en Occident. Il a été un héros de substitution pour les Français. Sa trace est plus marquée à l’étranger qu’au Burkina. » Pourquoi Thomas Sankara fascine-t-il toujours la jeunesse africaine ? Dix mois après l’insurrection populaire et jusqu’au festival Lafi Bala 2015, Thomas Sankara est dans toutes les têtes. L’occasion d’interroger quatre personnalités sur l’héritage qu’il a légué à la jeunesse africaine. Smockey , fondateur du Balai citoyen « Bien sûr que Sankara fascine ! C’est une icône, et pas seulement pour la jeunesse burkinabè. Il a marqué son temps, nous n’avions jamais vu ça auparavant. Il a mené une politique de dignité, de valeurs. Il a réduit le train de vie de l’Etat, a largement participé à l’émancipation des femmes. Les bouleversements sont allés très vite, trop vite. C’est pour ça qu’il dérangeait autant. Vous savez, il a pris le pouvoir alors qu’il n’avait que 33 ans. Lorsqu’on est jeune, on a des projets et des convictions, on prend des risques. Cette mentalité parle aux jeunes d’aujourd’hui qui sont perdus. Sankara, c’est un homme intègre capable de créer des clashs diplomatiques n’importe quand sans avoir peur de dire les choses. C’est pour cela qu’il fascine tant les jeunes. Ses grands discours mettent en avant son esprit patriotique et son sens du sacrifice. Beaucoup de ceux qui le prennent en modèle ne l’ont jamais connu personnellement, ils le découvrent à travers ses discours. La jeunesse attend une relève, mais pour moi Sankara restera toujours Sankara. » Bruno Jaffré , auteur d’une biographie sur Thomas Sankara « Son histoire est une tragédie humaine. Au-delà des questions politiques, il y a un frère, un ami qui le tue et c’est ce qui donne beaucoup d’humanité à cette histoire. C’est quelque chose qui augmente un peu ce côté martyr. Il y a également tout son héritage politique. Contrairement à beaucoup de dirigeants africains, il savait parler aux jeunes, il a fait des discours spécifiques pour eux. Surtout il a compris quelque chose de fondamental. Au Burkina, particulièrement dans les zones rurales, les jeunes sont considérés comme des enfants. Jusqu’à 40 ans. Donc lorsqu’on veut libérer des énergies, il faut réussir à affronter cette réalité. Il faut savoir s’attaquer à ce manque d’initiative. Sankara était un personnage charismatique, énergique, qui en imposait, intègre et simple. Cela se ressent dans les discours et dans les films que la jeunesse écoute et regarde depuis maintenant une dizaine d’années. Tout cela continue d’alimenter le phénomène Sankara. » Odile Sankara , comédienne et soeur de Thomas Sankara « Plus le temps passe, plus sa mémoire se bonifie et son héritage devient visible. C’est par sa capacité à être cohérent entre ce qu’il est et ce qu’il fait, à être le propre exemple de son projet politique et sociétal, qu’il est arrivé à mobiliser la population. Tous les jeunes et les artistes vont puiser dans ses discours. C’est une force terrible. Aujourd’hui, il incarne l’identité du Burkina Faso. Les jeunes sont en quête de repères. Ils s’imprègnent de ses idées. Ils sont fascinés par ce chef d’État africain qui apporte autre chose. Il est visionnaire et aujourd’hui dans le monde on manque de vision. Comment peut-on amener les gens à être heureux ? En étant fier d’être africain. Tout son combat était là : que l’Homme soit heureux et s’épanouisse avec ses propres moyens. Nous, sa famille et ses amis, sommes apaisés car son héritage persiste. Dans le fin fond de l’humanité, il y a toujours une personne qui parle de lui. Je pense qu’une personne par siècle naît avec cette force. Pour moi, il est l’une d’entre elles. » Sayouba Traoré , journaliste à R F I et écrivain burkinabè « Au début des années 1970, il était le grand-frère que tout le monde adorait. Le fait qu’il soit guitariste dans un groupe et parachutiste fascinait. Lors de la guerre entre le Mali et le Burkina, en 1973-1974, il a fait des actions éclatantes en tant que militaire. Que les gens l’admirent, à ce moment-là, c’était liée à sa personnalité. Lorsqu’il était au gouvernement, il est venu à vélo en Conseil des Ministres, cela ne s’était jamais vu à Ouagadougou. En 1983, il arrive au pouvoir. Cela ne nous a pas étonnés. Aujourd’hui, il y a une nostalgie de ce qu’il aurait pu apporter au pays. Les jeunes se laissent fasciner par les discours ! Les plus anciens, eux, s’attachent plus aux actions. Mais il n’est pas resté assez longtemps au pouvoir pour asseoir son action. Il est arrivé au bon moment car il n’y avait plus de leader tiers-mondiste ayant encore du succès en Occident. Il a été un héros de substitution pour les Français. Sa trace est plus marquée à l’étranger qu’au Burkina. » Liberté de la presse, gare au dérapage Le Burkina Faso occupe aujourd’hui la 46ème place au classement mondial de la liberté de la presse établi par Reporters sans frontières (la France est à la 38ème place). La liberté dont jouit la presse depuis plusieurs années lui a permis de jouer un rôle important dans l’évolution politique au Burkina. En contribuant à sensibiliser la population, elle a participé activement à la mobilisation citoyenne d’octobre 2014. Toutefois, en cette période de transition politique, Sayouba et Adama expriment leurs inquiétudes. «Les dérapages peuvent arriver et il est possible que la presse en soit la première victime», déclare le journaliste de RFI. Comme en écho, Bakary souligne qu’à l’approche des échéances éléctorales, le Conseil supérieur de communication a interdit pour une durée de trois mois les émissions d’expression directe, qui ont un caractère politique et économique. «Je garde malgré tout confiance en mon pays pour qu’il défende la liberté de parole qu’il a acquise». Un point de vue que Bakary développera ce dimanche, à partir de 12h30 lors de la causerie à la Caravane citoyenne. Anne-Lise Bos Cette année, les médias sont venus en nombre pour couvrir la 9ème édition du Festival Lafi Bala. L’occasion de se pencher sur la liberté de parole des journalistes au Burkina. L’assassinat du journaliste Norbert Zongo en 1998 avait soufflé un vent de révolte au Burkina Faso. Cette tragédie signait le début d’un ras-le-bol général face aux assassinats politiques, aux disparitions et au niveau élevé de corruption. «Cet assassinat a provoqué une indignation populaire qui a contraint le gouvernement à libérer la parole de la presse et à diminuer les condamnations de journalistes», explique Adama Sougouri, directeur de La voix du paysan, radio participative de Ouahigouya. Ce que confirme Bakary Ouattara, membre de l’association Semfilms : «L’avènement de la liberté d’expression s’est accompagné d’une réelle prise de conscience de la population et la création d’un collectif de lutte contre l’impunité a permis de pointer les maux dont souffre le pays : la mal gouvernance et la corruption». Avant de déplorer : «Les tentatives d’intimidation, les emprisonnements de journalistes et la corruption ont cependant continué». Journaliste à RFI, Sayouba Traoré explique, lui, qu’il n’a jamais été confronté à la censure du gouvernement burkinabè. Ce qu’il critique, c’est «l’autocensure que les journalistes s’imposent à eux mêmes, par peur de représailles». Anne Lis Bos « La radio est un outil de développement » by RESACOOP Créée en 1996 pour accompagner le monde paysan, La Voix du Paysan est une radio communautaire de la région nord du Burkina Faso. Elle diffuse chaque jour des informations dans différentes langues et joue un rôle de sensibilisation et de soutien au développement. Moussa Ouedraogo, chef des programmes, répond à nos questions. Pouvez-vous nous présenter votre radio ? La Voix du Paysan est une radio associative à but communautaire créée en 1996 par la Fédération Nationale des Groupements Naam sur l’initiative de son Président Docteur Bernard Lédea Ouedraogo. Le but de « La Voix du paysan » est de créer une possibilité pour les femmes et les hommes vivants dans la région Nord du Burkina d’accéder à l’information dans les différentes langues locales pour appuyer le développement et éveiller les consciences. Elle émet tous les jours de 05h30 à 23 h avec sept langues nationale et le français sur 97 MHZ avec pour slogan « La voix du paysan, la radio qui vous écoute ». Vous considérez la radio comme un outil de développement. Pouvez-vous nous en dire plus? En effet, pour nous la radio est considérée comme un outil de développement. Dans notre grille des programmes nous faisons la part belle aux émissions de développement dans les domaines de l’agriculture, l’éducation, l’élevage et la santé. Notre population est en majorité analphabète et notre culture est basée sur l’oralité donc la radio est bien indiquée pour leurs donner des messages de sensibilisations. La voix du paysan accompagne les grandes campagnes de vaccination, de scolarisation, la malnutrition etc. Que pensez-vous de la coopération entre Ouahigouya et Chambéry ? Le jumelage Ouahigouya –Chambéry est un bel exemple de coopération Nord-Sud. Cette coopération a su mettre l’accent sur les préoccupations réelles des populations. On peut citer entre autres la coopération hospitalière, les projets sur l’eau potable et les échanges culturels. Les projets issus de la coopération responsabilisent les acteurs directs. Comment traitez-vous les sujets liés à la coopération et à la solidarité internationale ? Nous traitons les sujets liés à la coopération et à la solidarité internationale en se basant sur les actions concrètes tout en restant dans l’esprit de la promotion de la solidarité. Nous relatons les réalités des deux cotés. Selon vous, quels sont les éléments indispensables pour un reportage ou une émission de qualité sur le thème de la solidarité internationale ? - la connaissance du milieu - la prise en compte des objectifs - la prise en compte des réalités socio-cultures - la définition des différents concepts relatifs à la solidarité internationale Que pensez-vous du traitement des sujets liés à votre pays dans les médias français ? Nous pensons que les sujets liés à notre pays sont bien traités par les médias français. Radio France Internationale (RFI) accorde beaucoup d’importance à l’actualité de notre pays et souvent cette radio envoie des équipes de reportage sur le terrain, toute chose qui leur permette de voir la réalité et d’être plus proche des auditeurs. RFI travaille actuellement dans le renforcement des capacités des journalistes du Burkina Faso à travers un projet qui s’appelle Faso Médias avec pour objectifs principal la couverture médiatique des élections présidentielles. Avez-vous des projets ? La radio La Voix du Paysan est en train de préparer son 20e anniversaire qui aura lieu en avril 2016. L’autre projet est la création et l’animation d’un site web fonctionnel de la radio. Pour aller plus loin La Voix du Paysan était présente à Chambéry lors du festival Lafi Bala 2015. Moussa Ouedraogo a participé à une émission enregistré par ONRradio : Retrouvez La Voix du Paysan sur Facebook