S’intéresser à la parenté à plaisanterie, c’est mieux comprendre les liens intrinsèques qui unissent les Burkinabè. «Tu es mon esclave !» La parenté à plaisanterie est une pratique sociale ancestrale qui permet aux membres de la même ethnie ou d’ethnies différentes de s’insulter de façon humoristique. Au Burkina Faso, chaque ethnie a ses «esclaves». Deux personnes parents à plaisanterie peuvent donc se moquer l’une de l’autre sans que leurs relations en souffrent. Cette pratique est signe de liens forts entre eux. Elle se base sur un respect mutuel entre les concernés qui peuvent s’insulter sans se vexer. Il est d’ailleurs obligatoire d’accepter la blague de l’autre. Au Burkina, la parenté à plaisanterie est acceptée de tous et fait partie intégrante de la culture. Les Bobos sont parents à plaisanterie avec les Konés, les Peulhs et les Bambaras, mais pas avec les Mossis. Ces derniers le sont avec d’autres ethnies. Quotidiennement, cette pratique permet d’apaiser certaines tensions sociales et de régler les problèmes avec humour. Un jour, à Ouagadougou, un accident de la circulation s’est produit entre un automobiliste Mossi et un cycliste Soma. La discussion s’annonçait mal jusqu’à ce que les conducteurs découvrent qu’ils étaient parents à plaisanterie. Dès lors, le conducteur Mossi a lancé au Soma : «Tu es un vrai broussard, un animal, ta place n’est pas à Ouaga mais en brousse. Regardez, il se croit dans sa brousse de Fada N’ Gourma !» Ils se sont excusés d’une poignée de mains chaleureuse, laissant tomber l’affaire. Même dans la politique, la parenté à plaisanterie a déjà été utilisée comme moyen de médiation. Les Burkinabè oublient la dispute dès qu’ils découvrent qu’ils sont parents à plaisanterie. Mais, les choses peuvent se corser entre deux non parents. Dans ces cas là, seuls les forgerons sont habilités à calmer les tensions, ils ont la force de la négociation. «Ce qui fait la beauté de la vie, ce sont les limites» déclare Moussa Le Grand de La voix du paysan. Les usages de cette coutume interdisent aux parents à plaisanterie d’insulter leurs mères respectives et d’utiliser la violence physique. Il faut surtout savoir s’excuser rapidement pour ne pas blesser son parent à plaisanterie. Une fois les règles posées, les parents à plaisanterie s’en donnent à coeur joie. En Afrique de l’Ouest, on n’imagine plus la vie sans cette pratique. S’aimer et s’insulter, c’est possible ! Il commence à peindre en 1998 sur des cartes au format postal. Un jour, une femme repère l’un de ses dessins et lui demande de le reproduire sur une toile. Autodidacte, AkoW n’a jamais suivi de formation. C’est donc tout naturellement qu’il se rend chez un ferrailleur et achète de la tôle qu’il aplatit consciencieusement avant d’y reproduire son oeuvre. Quelques jours plus tard, la femme, de retour, a la surprise de découvrir une tôle originale. Elle lui explique alors ce qu’est une toile et lui laisse un délai d’une semaine. Elle finira par acheter l’oeuvre sous les trois formats, tellement elle aime cette peinture. Quelques années plus tard, un nouveau concours de circonstances lui permet de faire évoluer son art. AkoW aime le café, il en boit beaucoup, y compris en travaillant. C’est ainsi qu’un jour il renverse sa tasse sur une de ses toiles. Déçu de sa maladresse, il abandonne sa peinture dans un coin de l’atelier, avant de découvrir, quelques heures plus tard, que les lignes et courbes dessinées par le café sont esthétiques. Une technique qu’il a adaptée puis adoptée. Le hasard fait finalement bien les choses. Anne-Lise Insulte-moi si tu m’aimes Au Burkina Faso, une pratique curieuse autorise et encourage les membres d’ethnies différentes à s’insulter librement. S’intéresser à la parenté à plaisanterie, c’est mieux comprendre les liens intrinsèques qui unissent les Burkinabè. « Tu es mon esclave ! » La parenté à plaisanterie est une pratique sociale ancestrale qui permet aux membres de la même ethnie ou d’ethnies différentes de s’insulter de façon humoristique. Au Burkina Faso, chaque ethnie a ses « esclaves ». Deux personnes parents à plaisanterie peuvent donc se moquer l’une de l’autre sans que leurs relations en souffrent. Cette pratique est signe de liens forts entre eux. Elle se base sur un respect mutuel entre les concernés qui peuvent s’insulter sans se vexer. Il est d’ailleurs obligatoire d’accepter la blague de l’autre. Au Burkina, la parenté à plaisanterie est acceptée de tous et fait partie intégrante de la culture. Les Bobos sont parents à plaisanterie avec les Konés, les Peulhs et les Bambaras, mais pas avec les Mossis. Ces derniers le sont avec d’autres ethnies. Quotidiennement, cette pratique permet d’apaiser certaines tensions sociales et de régler les problèmes avec humour. Un jour, à Ouagadougou, un accident de la circulation s’est produit entre un automobiliste Mossi et un cycliste Soma. La discussion s’annonçait mal jusqu’à ce que les conducteurs découvrent qu’ils étaient parents à plaisanterie. Dès lors, le conducteur Mossi a lancé au Soma : « Tu es un vrai broussard, un animal, ta place n’est pas à Ouaga mais en brousse. Regardez, il se croit dans sa brousse de Fada N’ Gourma ! » Ils se sont excusés d’une poignée de mains chaleureuse, laissant tomber l’affaire. Même dans la politique, la parenté à plaisanterie a déjà été utilisée comme moyen de médiation. Les Burkinabè oublient la dispute dès qu’ils découvrent qu’ils sont parents à plaisanterie. Mais, les choses peuvent se corser entre deux non parents. Dans ces cas là, seuls les forgerons sont habilités à calmer les tensions, ils ont la force de la négociation. « Ce qui fait la beauté de la vie, ce sont les limites » déclare Moussa Le Grand de La voix du paysan. Les usages de cette coutume interdisent aux parents à plaisanterie d’insulter leurs mères respectives et d’utiliser la violence physique. Il faut surtout savoir s’excuser rapidement pour ne pas blesser son parent à plaisanterie. Une fois les règles posées, les parents à plaisanterie s’en donnent à coeur joie. En Afrique de l’Ouest, on n’imagine plus la vie sans cette pratique. S’aimer et s’insulter, c’est possible ! La tôle et le café Peintre burkinabé de 38 ans, Abdoul Karim Ouedraogo (AkoW) expose ses toiles à Lafi Bala. Il commence à peindre en 1998 sur des cartes au format postal. Un jour, une femme repère l’un de ses dessins et lui demande de le reproduire sur une toile. Autodidacte, AkoW n’a jamais suivi de formation. C’est donc tout naturellement qu’il se rend chez un ferrailleur et achète de la tôle qu’il aplatit consciencieusement avant d’y reproduire son oeuvre. Quelques jours plus tard, la femme, de retour, a la surprise de découvrir une tôle originale. Elle lui explique alors ce qu’est une toile et lui laisse un délai d’une semaine. Elle finira par acheter l’oeuvre sous les trois formats, tellement elle aime cette peinture. Quelques années plus tard, un nouveau concours de circonstances lui permet de faire évoluer son art. AkoW aime le café, il en boit beaucoup, y compris en travaillant. C’est ainsi qu’un jour il renverse sa tasse sur une de ses toiles. Déçu de sa maladresse, il abandonne sa peinture dans un coin de l’atelier, avant de découvrir, quelques heures plus tard, que les lignes et courbes dessinées par le café sont esthétiques. Une technique qu’il a adaptée puis adoptée. Le hasard fait finalement bien les choses. Anne-Lise