Festival Lafi Bala LafiBala 2015

S’il est un projet qui est bien connu des Chambériens, c’est bien le festival LAFI BALA. Depuis 1996 et tous les deux ans, la Ville de Chambéry et l’association Chambéry Ouahigouya proposent aux Chambériens une « immersion » en pays burkinabé, à travers l’organisation de ce festival interculturel.

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Pouvez-vous nous présenter un peu le projet Segtaab Rap ? La Fleuj : A la base, nous sommes une petite association d’amis, La Sauce Production. On avait déjà monté un premier projet d’échange culturel au Bénin. On a alors entendu parler du festival Ouaga Hip-hop et on s’est dit : qu’est-ce qu’on peut faire ? Au début, on souhaitait y faire jouer certains de nos amis mais le manque de financement du festival ne l’a pas permis. On a alors eu l’idée de faire un genre de documentaire. Le projet s’est vraiment construit sur une idée personnelle, pas sur une commande. Nous avons donc eu une grande liberté dans la réalisation et les sujets traités. Nous voulions faire un film qui sorte des normes, qui ne perpétue pas une vision cliché de l’Afrique. Pourquoi avez-vous collaboré avec des rappeurs engagés ? L.F. : On a travaillé avec des rappeurs de différentes nationalités, d’Afrique et d’Europe. Tous étaient contestataires, c’est l’esthétique que je préfère. Le style égotrip ne m’intéresse pas, c’est creux. On a interviewé des artistes tels que Smockey, Joey le Soldat, Busta Gaeenga, des artistes qui dans leur quotidien ont vécu une certaine pression vis-à-vis de leur art, de ce qu’ils expriment : un rap dénonciateur de la politique en place, contestataire de choses bien réelles. Quand avez-vous tourné votre documentaire ? L.F. : Quasiment un an jour pour jour avant le début de la révolte. Ce qui donne de la force à notre message et du sens à notre travail. Bien que le rap contestataire soit de moins en moins présent, ces artistes ont en quelque sorte été le porte-parole de cette jeunesse révoltée. Une scène résume bien notre projet, celle où Joey le Soldat rappe un texte dénonçant le colonialisme, le pouvoir des puissantes, face à un crocodile massif. Massif dans sa physionomie mais aussi dans tout ce qu’il peut véhiculer : la représentation du capitalisme ou bien de certains dictateurs africains. Tout à coup, le crocodile se lève et part. La symbolique est incroyable, Joey le Soldat qui représente la jeunesse du Burkina chasse le crocodile qui incarne Compaore. C’était prémonitoire. Propos recueillis par Andréa Lupianez La Fleuj La Fleuj, réalisateur du documentaire Segtaab Rap, qui signifie en moré « le rap de la rencontre », revient sur la création et le sens de ce film. Pouvez-vous nous présenter un peu le projet Segtaab Rap ? La Fleuj : A la base, nous sommes une petite association d’amis, La Sauce Production. On avait déjà monté un premier projet d’échange culturel au Bénin. On a alors entendu parler du festival Ouaga Hip-hop et on s’est dit : qu’est-ce qu’on peut faire ? Au début, on souhaitait y faire jouer certains de nos amis mais le manque de financement du festival ne l’a pas permis. On a alors eu l’idée de faire un genre de documentaire. Le projet s’est vraiment construit sur une idée personnelle, pas sur une commande. Nous avons donc eu une grande liberté dans la réalisation et les sujets traités. Nous voulions faire un film qui sorte des normes, qui ne perpétue pas une vision cliché de l’Afrique. Pourquoi avez-vous collaboré avec des rappeurs engagés ? L.F. : On a travaillé avec des rappeurs de différentes nationalités, d’Afrique et d’Europe. Tous étaient contestataires, c’est l’esthétique que je préfère. Le style égotrip ne m’intéresse pas, c’est creux. On a interviewé des artistes tels que Smockey, Joey le Soldat, Busta Gaeenga, des artistes qui dans leur quotidien ont vécu une certaine pression vis-à-vis de leur art, de ce qu’ils expriment : un rap dénonciateur de la politique en place, contestataire de choses bien réelles. Quand avez-vous tourné votre documentaire ? L.F. : Quasiment un an jour pour jour avant le début de la révolte. Ce qui donne de la force à notre message et du sens à notre travail. Bien que le rap contestataire soit de moins en moins présent, ces artistes ont en quelque sorte été le porte-parole de cette jeunesse révoltée. Une scène résume bien notre projet, celle où Joey le Soldat rappe un texte dénonçant le colonialisme, le pouvoir des puissantes, face à un crocodile massif. Massif dans sa physionomie mais aussi dans tout ce qu’il peut véhiculer : la représentation du capitalisme ou bien de certains dictateurs africains. Tout à coup, le crocodile se lève et part. La symbolique est incroyable, Joey le Soldat qui représente la jeunesse du Burkina chasse le crocodile qui incarne Compaore. C’était prémonitoire. Propos recueillis par Andréa Lupianez Jeunesse contestataire Les jeunes sont un maillon essentiel dans la société burkinabè. Selon l’Unicef, en 2012, plus de 50% de la population avait moins de 18 ans. Le reportage, diffusé dimanche matin à la Caravane citoyenne, a montré une jeunesse très impliquée pendant l’insurrection d’octobre 2014. Frustrée, elle avait décidé de dénoncer l’impunité de ses dirigeants en nettoyant son pays à coup de «Balai citoyen». C’est en juillet 2013 que deux artistes engagés, le rappeur Smockey et le chanteur de reggae Sam’s K le Jah, présentent à la presse le Balai citoyen, un mouvement pacifique auquel les jeunes, notamment les jeunes intellectuels, sont très réceptifs. Ils s’engagent dans un processus de changement qui contribue à la chute du président Blaise Compaoré. Leur mobilisation continue, ils souhaitent à présent peser dans les décisions et attendent des évolutions concrètes. Anne-Lise Bos DE SANKARA A COMPAORE : QUELS ENSEIGNEMENTS DE L'INSURRECTION BURKINABE ? Le 28 octobre 2014 , commençait l'insurrection populaire burkinabè qui aboutissait le 31 octobre à la démission du Président Blaise Compaoré. Quel est le terreau qui a favorisé le soulèvement populaire ? Quelle a été l'influence de l'héritage idéologique de Thomas Sankara dans cette nouvelle révolution ? Et quels enseignements tirer pour la politique de la France vis-à-vis du Burkina Faso et des pays de la sous-région ? Avec : Bruno Jaffré (auteur de « Biographie de Thomas Sankara, La patrie ou la mort ») et Thomas Noirot (co-auteur de « Françafrique, la famille recomposée