Festival Lafi Bala LafiBala 2015

S’il est un projet qui est bien connu des Chambériens, c’est bien le festival LAFI BALA. Depuis 1996 et tous les deux ans, la Ville de Chambéry et l’association Chambéry Ouahigouya proposent aux Chambériens une « immersion » en pays burkinabé, à travers l’organisation de ce festival interculturel.

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Vous êtes un artiste éclectique, quelles sont vos influences musicales ? Patrick Kabré : Mes inspirations viennent d’ici et d’ailleurs. Au Burkina, grâce aux soixante ethnies présentes, nous avons une culture de base très riche. Patrick Kabré Patrick Kabré, jeune artiste plein de talent de la scène burkinabè, nous fait découvrir quelques unes de ses multiples facettes : ses influences, sa relation avec le public et ses projets. Vous êtes un artiste éclectique, quelles sont vos influences musicales ? Patrick Kabré : Mes inspirations viennent d’ici et d’ailleurs. Au Burkina, grâce aux soixante ethnies présentes, nous avons une culture de base très riche. Avoir été à l’école pour apprendre le français et l’anglais a contribué à cette influence occidentale que je mélange par la suite avec d’autres sonorités, avec tout ce qui a du groove. J’essaye de trouver le point commun et de faire un brassage pour arriver à une musique qui n’est ni du Nord ni du Sud. Parler de culture ou d’art c’est se situer au-delà d’un pays ou d’une région, on parle une langue universelle. Je suis là pour l’art, pas pour transmettre la culture burkinabè. Pour nous, l’art c’est la respiration de l’âme. Quel message tentez-vous de faire passer à votre public ? P.K. : Le message c’est de permettre aux personnes qui écoutent notre musique d’en faire ce qu’elles veulent et d’avoir leur propre ressenti. Certaines en sortiront plus fortes, d’autres éprouveront de la tristesse. Comme le dit un conteur : « Chaque chose appartient à moitié à la personne qui l’a dite et l’autre moitié à celle qui l’écoute ». Tout ce que je sais c’est que l’on est sincère sur scène. Votre carrière se limite-t-elle à la musique ou êtes-vous engagé dans d’autres projets ? P.K. : Au travers de mes concerts, j’aide financièrement à la construction d’écoles au Burkina mais j’ai voulu aller plus loin. Pour moi le vrai problème est le type d’éducation actuelle qui n’a pour objectif que l’obtention d’un diplôme, d’un métier et surtout de l’argent. Il faut essayer de changer les choses pour que les gens s’affranchissent de ces normes capitalistes. L’art et la culture le permettent, c’est pourquoi j’ai créé l’Atelier Silmandé, un centre qui au travers des festivals au Burkina et ailleurs, permet la création de scènes ouvertes au jeune public, gratuitement. Elles visent à promouvoir diverses formes d’arts tels que le conte, la musique, la danse, les arts plastiques et le théâtre. Le but est de rassembler les enfants et de créer ainsi les conditions pour développer leur créativité. Nous les faisons passer du stade de spectateurs à acteurs, et surtout acteurs du changement. Propos recueillis par Andréa Lupianez EXPOSITION D’ART CONTEMPORAIN DU BURKINA FASO Abou Sidibé (sculpteur plasticien) et Abraham Abga (artiste plasticien), en accueil artistique durant tout le mois de juin, seront invités à participer à des ateliers avec le jeune public, à participer aux portes ouvertes de la Cité des Arts et à des actions dites « hors les murs » dans Chambéry. Koto Brawa, artiste sans frontière Entre l’Afrique et l’Europe, s’affranchissant des frontières, Koto Brawa, chanteur, musicien et batteur qui clôt l’édition 2015 du festival, suit sa petite musique, sans jamais perdre ses racines. « Pour un artiste il n’y a pas de frontière, de pays, c’est un peu utopiste de penser ça mais c’est ma vision », raconte Koto Brawa, artiste posé, qui sait ce qu’il veut dire, un optimiste qui trace sa route en dépit des difficultés. Il apprend la musique tard, à l’âge de 19 ans, et doit faire face à un père qui n’accepte pas sa vocation, « sans expliquer pourquoi ». Jeune homme aimant transgresser l’interdit, il continue dans cette voie. « J’ai su bien plus tard, peut-être dix-huit ans plus tard, que lui-même avait joué de la guitare. Il n’arrivait pas à s’en sortir, alors il avait lâché. Du coup il a interdit à ses enfants de faire de la musique. Il avait surtout peur pour nous », raconte-t-il avec le sourire, sans amertume envers son « papa ». Koto Brawa grandit dans une famille nombreuse, une fratrie de dix frères et soeurs, une enfance heureuse. Toujours avec cette idée d’être par-delà les frontières, il tourne sur plusieurs scènes, entre l’Europe et l’Afrique notamment. C’est au détour d’un de ses voyages, qu’il rencontre sa femme, française, avec qui il se marie et fonde une famille dans l’hexagone. Il continue alors de naviguer entre les deux pays. Le brassage culturel est un élément fondamental dans sa musique, et très marqué dans son dernier album. « J’ai voulu faire un mélange de percussions africaines avec les violonistes classiques que j’ai rencontrés ici. J’ai également rencontré des musiciens de jazz ». Son sens de la famille est présent sur cet opus, puisque ce dernier s’intitule Gueïto, le prénom de sa seconde fille disparue prématurément. On y trouve un titre, Sié, enregistré avec sa mère. Une collaboration entre ici et là-bas, d’autant plus importante qu’elle décède quelques mois plus tard. « C’est comme si je savais que quelque chose allait se passer ». Koto Brawa prend la vie comme elle vient, accueille le meilleur de ce que chaque culture peut lui apporter. Mais dans tout ce brassage, il n’en perd pas pour autant son identité, ses racines. « Je suis né au Burkina, j’aimerais vieillir là-bas, mourir là-bas ». Andréa Lupianez